Addict et chômeur – sortir de la spirale infernale
Chômage et addiction. Le chômage accroît les risques d’addiction, et les problèmes d’addiction augmentent le risque de se retrouver au chômage et d’y rester. Pour que les personnes ne tombent pas dans cette spirale infernale, les spécialistes de la prévention des dépendances et de l’intégration professionnelle doivent collaborer. L’été dernier, une conférence professionnelle a jeté de premiers ponts entre ces deux domaines et formulé des recommandations pour résoudre ce double problème.
De prime abord, de nombreuses personnes dépendantes ou menacées de dépendance ne remplissent pas, ou pas d’emblée, les critères d’aptitude au placement. Les addictions sont souvent associées à des déficits comme l’instabilité, le manque de fiabilité ou de persévérance. Des symptômes qui, s’ils accompagnent effectivement souvent les situations de dépendance, ne signifient pas pour autant que les personnes dépendantes ou menacées de dépendance ne soient pas, en soi, aptes au placement. La pratique montre en effet que, par exemple, de nombreuses personnes dépendantes bien accompagnées ou sous traitement de substitution sont capables de travailler. Si un conseiller ORP n’identifie pas une addiction ou un risque d’addiction, ou s’il tire de mauvaises conclusions du comportement de son client, l’intégration sur le marché du travail aura peu de chances de réussir, voire la personne au chômage sera classée comme «inapte au placement» et adressée à l’assurance-invalidité ou à l’aide sociale. La personne considérée comme «apte au placement» peut, le cas échéant, bénéficier d’un soutien grâce aux Mesures de marché du travail (MMT) afin d’améliorer sa réinsertion dans le monde du travail. Les MMT sont principalement de la compétence de prestataires tiers qui proposent des formations, des emplois temporaires ou d’autres mesures spéciales.
Aborder la question de l’addiction
C’est pourquoi il est important, pour les personnes dépendantes et leur réseau d’encadrement, de thématiser et de traiter le problème de la dépendance. Cela suppose la mise à disposition d’offres spéciales pour les demandeurs d’emploi dépendants et, par voie de conséquence, une bonne coopération avec les professionnel-le-s de l’addiction. Une telle collaboration sert non seulement l’intégration professionnelle mais aussi le personnel des ORP: elle simplifie la réinsertion des personnes concernées sur le marché du travail et décharge les conseillers des ORP.
Formulation de recommandations
Des recommandations ont été formulées pour améliorer la situation des personnes touchées par la double problématique addiction/chômage sur la base des résultats de la conférence professionnelle «Chômage et addiction» du Fachverbands Sucht qui s’est tenue le 5 juin 2014 à Zurich. Au niveau stratégique, ces recommandations concernent des directives intercantonales à l’intention des conseillers des ORP, la Collaboration Interinstitutionnelle (CII) - pour qu’elle intègre la question de l’addiction- ainsi que l’intégration de connaissances sur les addictions dans les formations de base et continue des conseillers des ORP. Au niveau de la pratique, elles proposent de multiplier les exemples de modèles de coopération entre les institutions de l’aide en matière de dépendances, les ORP et les organisations de MMT, de former des professionnels en conséquence dans les deux secteurs, pour garantir une meilleure prise en charge des chômeurs dépendants et à risque. La nouvelle Stratégie nationale Addictions accorde une grande importance à cette double problématique, raison pour laquelle a été créé un poste supplémentaire ad hoc chez Infodrog. De plus, l’Office fédéral de la santé publique est en contact avec le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) , qui est intéressé à un projet commun pour lutter contre ce problème.
Contact
René Stamm, section Drogues, rene.stamm@bag.admin.ch